Le travail : entre activités et subjectivité
15 mai 202018h30 - 20h
- Normandie
Web-conférence
Le travail fait aujourd’hui l’objet d’un traitement médiatique, politique, syndical, scientifique paradoxal : entre surinvestissement et occultation. Les déclarations, publications, plans et programmes qui ont pour objet « le travail » se multiplient.
On pourrait s’en réjouir, mais cette « mobilisation » manifeste surtout des conceptions pour le moins hétéroclites du travail et qui bien souvent occultent la question de l’action.
Sans prétendre ici faire un inventaire des sciences du travail et de leurs contributions respectives à l’analyse des fonctions respectives de l’emploi, de la profession, du travail comme activité humaine, il s’agira plutôt de présenter différentes orientations qui contribuent aujourd’hui au développement de la clinique du travail.
Celle-ci ne constitue pas un cadre théorique, encore moins une école de pensée. Mais elle rassemble des perspectives qui ont en partage la même conception du rapport dialectique entre connaissance et action.
Puisant dans des traditions épistémologiques différentes, elles ont toutes pour centre le sujet aux prises avec des situations concrètes de travail : subjectivité et activité sont au cœur de l’investigation.
La psychopathologie du travail a ouvert la voie à une reconnaissance de la subjectivité qu’engage le travail humain. Mais la subjectivité au travail ne peut être réduite à ses formes pathologiques. Les conceptions du travail comme univers de contraintes, d’exploitation, d’aliénation, occultent l’autre face du travail comme espace privilégié de construction de soi et du lien social : le travail est à la fois une épreuve et une occasion de développement.
Les travaux de Christophe Dejours s’inscrivent dans l’héritage de la psychopathologie du travail pour s’en distinguer ensuite en fondant la psychodynamique du travail. La centralité du conflit entre organisation de la personnalité et organisation du travail est maintenue, cependant l’accent est mis non plus sur les pathologies du travail mais sur la souffrance et le plaisir au travail. La bivalence de la souffrance, créatrice et pathogène, les concepts de stratégies défensives collectives, d’intelligence rusée, de résonance symbolique, l’importance accordée à la construction du sens par le sujet, comme l’attention portée à la reconnaissance et aux dynamiques identitaires… jalonnent l’élaboration théorico-clinique du travail comme opérateur fondamental dans la construction même du sujet (Molinier,2006).
L’intervention en psychodynamique du travail repose sur trois temps essentiels : le traitement de la demande et l’analyse de la faisabilité de l’enquête, l’enquête conduite dans des collectifs volontaires (la nature de la demande déterminant la structuration de ces collectifs) et la validation de l’analyse des intervenants par sa restitution et discussion.
Le travail engagé lors des réunions de ces collectifs porte sur l’articulation organisation du travail et souffrance psychique.
Yves Clot représente un autre courant de la clinique du travail situé à l’intersection de l’ergonomie et de la psychopathologie du travail. Ce courant propose de suivre « le fil de l’activité » afin de repérer sa vocation dialectique, ses développements orientés par les échanges intra et intersubjectifs. Le sens de l’action est une des régulations essentielles de l’activité : il passe par les jugements portés et la recréation des buts visés, au-delà de ceux contenus dans la prescription. Dans cette perspective, le travail est fondamentalement rencontre et échange avec les autres. Il est même ce qui permet de « sortir de soi » : il « requiert la capacité de faire œuvre utile, de prendre et tenir ses engagements, de prévoir avec d’autres et pour d’autres quelque chose qui n’a pas directement de lien avec soi. Il offre, hors de soi, une éventuelle réalisation de soi grâce précisément à son caractère structurellement impersonnel » (Clot, 1999).
La clinique de l’activité est centrée sur le développement des collectifs professionnels, des pratiques de controverses entre professionnels. Elle traite, elle aussi, de la souffrance au travail comme d’un développement empêché, d’une « amputation du pouvoir d’agir ». Quant au plaisir du travail, il renvoie à l’entretien et la contribution à une histoire commune, celle du métier. L’accent est mis sur la fonction psychologique du legs et de la transmission comme garant de l’existence personnelle.
Les ressources documentaires
Clot, Y. 2002. La fonction psychologique du travail, Paris, puf.
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Michel LEMONNIER
Docteur en Psychologie avec une spécialisation en psychologie du Travail et des Organisation.
Il possède une double formation en psychologie sociale et du travail ainsi qu’en gestion des entreprises. Ces champs de connaissances amènent l’auteur à considérer l’ensemble des facteurs et mécanismes permettant d’envisager le rapport de l’homme au travail et du travail à l’homme. Michel Lemonnier a assumé des responsabilités de consultant à titre indépendant et en entreprise, de responsable des ressources humaines, de directeur d’une entreprise d’insertion dans son passé professionnel ainsi que de psychologue du travail à l’Association de Formation Professionnelle pour Adultes. Michel Lemonnier enseigne à l’université de Caen, au Cnam de Basse-Normandie depuis une quinzaine d’année où il forme des psychologues du travail sous l’autorité scientifique de Christophe DESJOURS puis d’ Yves CLOT. Il intervient également à l’ « Ecole de Management de Normandie » en Master l’ « Initiation à la Gestion des Ressources Humaines ».
Activités d'enseignement :
Depuis 2001 : Enseignant au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) de Caen dans les filières de Psychologie du Travail et de la Formation
Depuis 2005 à 2013 : Enseignant vacataire à l’IUT de Caen en Psychologie du Travail
Depuis 2013 : Intervenant à l’École de Management de Normandie. Master 1 . GRH et RSE
Publications :
« La résistance à la dynamique de changement dans une organisation » Institut de Recherche Économiques et Sociales. IRES. Agence d’Objectifs. ris. Février 2006.
« Le Psychologue du Travail, un agent de changement dans la société » Éditions l’Harmattan. Collection Psychol Logic. Paris. Juillet 2010
« Le Travail reconnu » Éditions l’Harmattan. Collection Psychol Logic. Paris. Octobre 2015
« Collectif et Organisation : la quête du sens » l’Harmattan. Collection Psychol Logic. Paris. En cours de publication
15 mai 202018h30 - 20h
- Normandie
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INSCRIPTION :
La modalité d’intervention :
Intervention de 1h00 à 1h30 maximum
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